Reprenons les matières, les formes, les volumes. Mis en charpie, scrutons leur point de départ. Extirpés de leur appartenance à des logiques formelles, au-delà de leur force, et n’ignorant rien des beautés qu’elles soient naturelles, adhérentes ou fonctionnelles, nous pouvons accorder à toutes sortes de productions le statut d’ « artistique ». La période contemporaine a ouvert à tous, pour peu que nous voulions bien nous en emparer, la totalité des champs expressifs pour autant de formulations dites artistiques. La pub, la communication, le marketing, le style et la tendance, aujourd’hui le marchand d’art et surtout le galeriste, le directeur, le commissaire d’exposition, tout comme le politique, et demain la finance et l’économie qui viennent d’abandonner le navire des sciences exactes après avoir voulu l’aborder, alors que l’histoire tente l’abordage, mon boucher est un artiste, mon banquier ne l’est pas moins, d’autant plus qu’il a la lourde tâche de gérer la fluctuation de mes ressources, tous ont intégré le giron de l’artistique ; même si pour certains nous pourrions n’y voir qu’un grand flou de cet état. Le monde de l’art s’est agrandi, ce que l’on y trouve est multiple, sous réserve de ce que la morale réprouve ; mais encore là, nous serions en droit de nous poser quelques questions. Le problème de l’art, n’est plus dans sa définition mais dans la contingence de son apparition. Peut être Art ce qui émerge au-delà de l’œuvre d’art, avant ou après, et ajoutons, que l’on ne perçoit pas comme tel. |